vendredi 27 juin 2014

Dessins et légendes

Fin de trimestre oblige, les moussaillons ont ramené leur farde à dessins de l'école.  Ils sont dans une école à pédagogie Freinet, et dessin et autres exercices graphiques y sont entièrement libres.  Pas de lignes de zigzag ou de vagues à reproduire, pas de frises multicolores à recopier ni de dessins à colorier, juste une feuille blanche, des crayons ou de la peinture, et leur imagination.  Si les débuts sont très... abstraits, disons, on sent petit à petit l'évolution du trait et de l'intention, et on découvre parfois de jolies surprises.  Parfois.

Pas besoin de beaucoup d'effort pour imaginer le résultat au retour à la maison... Il y a du tri à faire! Tri que seuls les artistes en herbe peuvent effectuer, sous peine de mélodrames et autres crises de larmes à la découverte du pot aux roses.  Tri qu'ils n'ont eux-même pas tellement de mal à effectuer, car si certains dessins ont une valeur sentimentale, d'autres sont de simples gribouillages rangés dans le casier sans plus y réfléchir, et dont ils ne savent plus eux-mêmes attribuer de signification.

"Signification".  Je pense que c'est là le mot-clé de cet article.  Je me base sur une pratique des animatrices de l'école, qui prennent parfois le temps, après un dessin, de s'assoir à côté de l'enfant et de lui faire raconter ce qu'il a voulu exprimer, pour le noter en marge de l'oeuvre d'art.  Et là, un simple gribouilli peut prendre tout de suite une autre dimension. Donc à chaque fin de trimestre, lorsque reviennent les fardes, nous prenons le temps avec les moussaillons de parcourir chaque oeuvre.  Si l'enfant ne se rappelle plus de la signification du dessin, et qu'il n'y a pas d'intérêt esthétique, on jette d'un commun accord.  Enfin, si l'animatrice n'a pas eu l'occasion de noter la signification du dessin, mais que le moussaillon s'en rappelle, je prend le temps d'écouter l'artiste et de noter son explication avec la date approximative.  Explication qui vient parfois plusieurs mois après la réalisation, donc il y a probablement déviation depuis l'idée de départ, mais qu'importe, puisque cela fait sens à l'enfant.

Quelques annotations en vrac : "Un volcan", "La lave du volcan", "La montagne", "Ce qui tient la montagne", "le serpent", ... (3 ans)
 "C'est des routes pour les voitures" (3 ans)
C'est une activité à réaliser dans un moment de calme, avec un peu de temps devant soi, car cela nécessite de la concentration.  Attention aussi lorsque l'équipage est multiple : Ici, nous avons eu des difficultés à canaliser le P'tit Pirate pendant que je regardais les dessins avec l'Aventurier.  Tout content de ses premières productions, le petiot tenait absolument à ce que ses oeuvres à lui gardent la vedette.

"Pour mon Papa et ma Maman" (3 ans)
Encore des montagnes (toujours 3 ans)
J'aime beaucoup ce principe de "légendage" des dessins.  Lorsque nous reparcourons les gribouillis de première maternelle de l'Aventurier, nous retrouvons ses préoccupations de l'époque.  Une ligne courbe devient une montagne, une bleue la piste pour la descendre, une autre un télésiège.  Les oeuvres du P'tit Pirate, tout frais engagé en classe d'accueil, sont certes basiques, mais je prend un plaisir certain à retranscrire ses commentaires, avec les petites "spécificités de prononciation" qui le rendent si adorable.  Et je sais que, d'ici deux ou trois ans, je sourirai en relisant ces petites capsules temporelles enfantines.

C'est également passionnant de voir l'évolution du trait.  L'Aventurier n'a jamais été un grand dessinateur, et certains trimestres, il rentrait avec sa farde remplie... de dessins offerts par ses "amoureuses".  Malgré tout, nous l'avons vu évoluer, petit à petit, au fil de ses passions du moment : Epoque montagnes, époque "préparation de mon anniversaire" avec confection d'invitations, époque "comptage", époque "plan de chasse au trésor", ...  Le trait s'est fait plus sûr, l'intention plus explicite, la représentation plus fidèle.
"C'est une soucoupe volante" (5 ans)
"J'espère que ma moto ne va pas s'envoler!" (5 ans, d'après un modèle pour la moto)

Ces légendes permettent de jeter un coup d'oeil timide et discret dans le monde intérieur des enfants, dans leur processus de créations.  Quelques mots un peu farfelus, et c'est une histoire, un rêve qui s'ouvre à nous, un monde imaginaire dont eux seuls ont la clé.

Depuis que mes enfants vont à l'école, je ne regarde plus les scraboutchas de la même façon. En tout cas, ceux de mes moussaillons...

dimanche 22 juin 2014

A l'aventure, compagnons!

Ce mois-ci, l'Aventurier a fêté ses six ans.  En braves officiers de navire que nous sommes, nous avons sorti le rhum invité quelques moussaillons de sa classe pour fêter dignement cet anniversaire.

C'est la troisième fois qu'on se lance dans un tel projet, et autant la première fois, nous étions pleins d'enthousiasme, autant cette fois, j'étais légèrement angoissée à l'approche de l'échéance, espérant qu'arriverait vite l'heure tant espérée de l'arrivée des parents pour l'apéro... Il faut dire qu'en plus des huit marmots de la fête, nous avions toujours le p'tit Pirate et Bébé Fleur sur le dos.  Heureusement, le p'tit Pirate a adoré participer (il a juste un peu râlé de devoir partager les jouets de son grand frère avec les copains de ce dernier, hum), et Bébé Fleur a été adorable, comme toujours.

Bref, comment on s'en est sortis?  Avec une chasse au trésor, bien sûr.  Ce n'est peut-être pas nécessaire, les gamins étant tout à fait capables de s'occuper tous seuls, mais si on n'a pas de grand jardin et/ou que la météo n'est pas au beau fixe, on risque de retrouver le navire sens dessus dessous lorsque les invités quittent le bord. Donc, pour garder la situation sous contrôle, nous préférons organiser les activités, sans parler bien sûr de l'Aventurier pour qui un anniversaire sans grande aventure n'est pas un anniversaire.


Etape 1 : Le thème



Pour faire une chasse au trésor, nous commençons en général par choisir un fil conducteur.   L'année passée, nous étions en mode pirate, avec une vraie carte au trésor en parchemin, mais cette année, le héros de la fête avait préféré jouer aux chevaliers.

Etape 2 : Le scénario

Une fois qu'on a le thème, il faut créer l'histoire.  C'est pas très compliqué, la chute consiste toujours à retrouver un coffre au trésor contenant quelques bonbons et gadgets à partager entre les invités, qui gardent ainsi un "souvenir" de l'aventure.  Cette année, un dragon avait volé le trésor, et Merlin l'enchanteur avait réussi à retrouver le coffre, mais hélas, ce dernier était bloqué par un cadenas dont le dragon avait mangé la clé! Il a donc mandaté nos jouvenceaux pour aller tuer la bête.  Mais hors de question de partir à l'aventure sans un minimum d'entraînement!

Etape 3 : les activités


Troisième étape, donc : se préparer à devenir un vrai chevalier.  Pour cela, il faut bien sûr s'équiper.  J'avais préparé quelques épées et boucliers en carton, des petits chapeaux pointus, des pailles en carton et plein d'autocollants, de plumes et autres tampons (merci Hema), et les moussaillons ont donc décoré leur matériel à leur guise.  Epées, boucliers, baguettes magiques, chapeaux à étoiles : nous avions alors des petits chevaliers apprentis magiciens, ou des jolies fées portant fièrement l'épée. Durée de l'activité bricolage : trois bons quarts d'heure!!


Les magnifiques créations des mini-chevaliers...

Après l'équipement est venu l'entraînement.  Diverses épreuves agrémentées de devinettes pour deviner l'étape suivante ont transformé le jeu en pseudo-jeu de pistes dans le quartier (pas question d'aller trop loin, Bébé oblige).   Petit détail geek qui a fait marrer les gamins même s'ils n'ont pas compris : A défaut d'être à cheval, les trajets ont été effectués au rythme de la noix de coco.

Nous leur avons proposé : 
  • Un colin-maillard (pour "apprendre à bien connaître ses équipiers").  Beaucoup de succès auprès des filles, moins auprès des garçons qui avaient du mal à tenir en place.  Je ne suis pas sûre que je conseillerais ce jeu, en général, il vaut mieux éviter toute activité où un seul enfant est actif et où les autres doivent regarder.  Ca les a occupés 15-20 minutes. 
  • Un jeu de mémoire : Quinze objets à observer pendant une minute, puis on les cache et il faut tous les citer.  A huit enfants de six ans, le défi a été facilement relevé, il devrait être possible de corser la chose.  C'est assez rapide, après 5-10 minutes installation comprise, l'activité était bouclée. 
  • Un parcours d'agilité : Un mini-parcours où il faut slalomer entre des obstacles, grimper sous un banc, ramper en dessous... en portant un oeuf (dur) dans une cuillère, sans le faire tomber.  Ca a eu un certain succès, mais attention de prévoir de quoi s'occuper pour ceux qui sont passés en premier ou ceux qui sont en bout de file, puisqu'ils ne peuvent être tous en même temps sur le parcours.  Durée : 15-20 minutes, installation comprise. 
  • Un jeu de massacre : Six bouteilles de lait vides, quelques balles de jonglerie, et hop, une épreuve rapide et pas chère! Durée : 10-15 minutes (disons-le franchement, à six ans, ils sont nuls au lancer, donc il leur faut un peu de temps pour dégommer toutes les quilles).  
  • Un jeu de combat à cheval : L'idée initiale était de former des équipages de deux, un cheval avec un chevalier sur son dos, le dit-chevalier ayant un foulard glissé dans la ceinture. Le but du jeu étant alors de récolter le plus de foulard avant d'être éliminé lorsqu'on a soi-même perdu son étendard.  Autant le dire tout de suite : Il a fallu adapter, ils sont encore trop jeunes pour se porter les uns les autres.  Ils ont trouvé bien plus drôle de grimper à tour de rôle sur le dos de l'Amiral qui a joué au baudet collectif.   Et puisqu'on était dans la prairie derrière chez nous, prairie bien pentue (le bonheur en hiver), ils se sont également amusés à faire des roulés-boulés.  Bon, aucun n'a vomi et au final, ils se sont ainsi occupés 15-20 minutes, donc objectif rempli.  
En plus de ça, vu la chaleur, nous avons introduit deux ou trois fois une 'épreuve ravitaillement en eau', où nous avons demandé à chaque chevalier d'avaler un petit verre d'eau, histoire d'éviter l'insolation. 

Nous avions encore deux idées en réserve au cas où la pluie nous aurait contraints à des activités intérieures : 
  • Une dégustation à l'aveugle pour apprendre à reconnaître les poisons : Bander les yeux des enfants et leur demander de reconnaître des saveurs (confiture, moutarde, sucre, farine, miel, ...)
  • Une autre activité bricolage : du tressage de bracelets en élastique (grande mode dans les cours de récré actuellement, même le p'tit Pirate s'y est mis, du haut de ses trois ans!)
Oh le joli bracelet! Circonstances obligent, l'Aventurier en porte actuellement trois ou quatre aux couleurs des diables rouges.

Etape 4 : Le combat final!

On a du modulé les activités en fonction du timing et de la météo, et à l'heure prévue, nous avons décrété que Merlin était satisfait de leur niveau de préparation, et qu'il était temps d'aller combattre le dragon.  Le dragon en question était une pinata préparée à l'arrache la veille au soir (sachez-le, il faut au minimum deux jours de séchage normalement!), pinata qui a eu beaucoup de succès mais qui a fini complètement écrabouillée sur le sol.
La pinata terminée, cinq minutes avant que les invités n'arrivent.  Elle a un petit air d'Angry Birds, non? 

Le dragon en plein vol... (avec une aile un peu flapie)

Le coup de grâce! 

La recette en quelques mots : Un ballon de baudruche sur lequel on colle une (idéalement deux) couche de papier mâché (petits morceaux de papier journal trempés dans la colle à tapisser), en laissant un trou au niveau du noeud.  Compter 24 heures de séchage (entre les couches si on en fait plusieurs), ou, si vous n'avez pas le temps, utiliser le four sur 50 degrés (faire attention, le ballon gonfle avec l'air chaud, donc à faire sous haute surveillance sous peine de voir la pinata exploser!), et compter quand même plusieurs heures.  On peut ensuite la peindre, nous avions quant à nous utilisé du papier cadeau vert au dessus du papier journal, ça a suffit.  Ensuite, quand c'est bien sec, on dégonfle le ballon et on le retire (c'est tout gluant de colle!).  Idéalement, il vaut mieux attendre alors que l'intérieur soit aussi sec avant d'insérer les bonbons, mais nous n'avons pas eu cette opportunité, donc les smarties qui se sont retrouvés dans le ventre du dragon en sont ressortis pré-digérés.

Ne pas oublier un petit trou sur le sommet pour la suspendre, un peu de déco avec du papier en fonction du résultat souhaité (ici, juste les yeux, la queue et les ailes), et enfin, on rebouche le trou après avoir farci l'animal du contenu ad-hoc.

Etape 5 : A table! 

Après ces aventures, les chevaliers ont bien entendu un petit creux.  J'ai pris l'habitude de faire des gâteaux à thème pour les anniversaires des moussaillons (pas bonne idée de commencer, après, ils râlent quand le gâteau n'est plus décoré...), et cette année, l'Aventurier souhaitait un gâteau Coffre au Trésor.  Tout à fait dans le thème de la journée, et plutôt simple à faire.  Il faut juste accepter d'acheter plein de bonbons cracras pleins de colorants et de sucre, mais qui les rendent tellement heureux...

Le gâteau plein de bonbons cracras
La version un poil plus light réalisée pour l'anniversaire en famille
Et, juste pour la frime, le gâteau de l'anniversaire du p'tit Pirate, qui colle aussi pas mal au thème 


Etape 6 : Après l'effort, le réconfort!

Si le timing est bon, les gamins ont à peine fini le gâteau que débarquent enfin les premiers parents, ouf! Cette année, il faisait bon et nous étions sur la terrasse, donc on a partagé un petit verre bien sympathique.  Ca permet de se poser un peu en attendant l'étape suivante : Le rangement... 


Autres idées en vrac : 

L'année passée, nous avions plus investi dans l'idée 'jeu de piste', et nous étions aventurés plus loin dans le quartier.  On peut alors s'amuser pour les faire aller d'étape en étape : 
  • Des devinettes
  • Des flèches au sol
  • Une liste de directions (une suite d'instructions dessinées : une flèche à gauche, un panneau stop avant de traverser, etc. )
  • Une carte au trésor : Un papier jauni avec du café, et déchiré ou brulé pour lui donner un aspect vieillot